Jeanne Morisseau, originaire du Val d’Oise, est peut-être plus connue pour sa musique que pour ses livres, et c’est effectivement par-là que son atypique parcours artistique a commencé.
Très tôt, Pascale (pas encore Jeanne, son deuxième prénom) commence un journal intime (qu’elle tiendra toute sa vie) et compose à la guitare des chansons qu’elle garde secrètes, impressionnée
par le caractère par trop intimiste de celles-ci. Le temps passe jusqu’en 1992 où, en même temps qu’éprise de photographie, elle va vers le monde avec ses différents projets folk rock cachant
sa sensibilité derrière des textes en anglais. En 1998, après quelques concerts – déclencheurs – aux USA (Portland, San Francisco, Nashville en 1995),
quand elle passe à la langue française, c’est l’envol de ses poèmes chantés qui l’incite à travailler sa voix de haute tessiture, et elle fut surprise alors de voir surgir en elle
une veine extrêmement classique dans les formes qu’elle aborde. Est-ce d’avoir chanté Rimbaud, Hugo ou Baudelaire, elle étonne (détonne ?) par la force émotionnelle
de ses textes et son foisonnement artistique tous azimuts. De la poésie, elle passe à la prose (et de la photo à la peinture). Et c’est donc après un premier recueil À l’est, d’une étrange densité en écriture,
et dont la quête de l’Éden est la clef de voûte, paru en avril 2015 aux Éditions Unicité (mais écrit en 2002), et après la parution d’un recueil de poésie (Eaux d’avant, Échappée Belle Édition,
septembre 2015) que Jeanne Morisseau nous revient avec un tout premier roman – incrusté de poèmes – au titre annonciateur de beauté et de douceur : Mauve avant (mars 2017) d’un style qui pourrait
se situer (de façon improbable) entre George Sand et Virginie Despentes. Pour Jeanne, ce livre est bien plus que la lecture qu’il propose ; en effet, de par sa sève poétique et de prose,
de même que sa quête charnelle autant que spirituelle, il constitue davantage une expérience profonde de l’amour, la vérité d’un monde et la quête de création et d’altérité
qu’il brasse, dans une expression fouillée,
tel un voyage intérieur, empreint de sensibilité toute féminine environné de nature sauvage et océane, lequel rime avec l’univers.
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Photographies : Jeanne MORISSEAU — Série « En océan » (été 2017).
Photographies : Jeanne MORISSEAU — Série « En océan » (été 2017).