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Itw Jeanne Morisseau - Folk Rock auteure Villejuif 100424 par James Belaud de J’mag (N°64)
Interviewer : Pourriez-vous vous présenter ?
Jeanne Morisseau : Je suis auteure, compositrice et
interprète, les chansons furent mes premières réalisations.
De la chanson, je suis passée à la poésie, de la poésie à la
prose, et donc au roman. Parallèlement, j’ai un parcours en
rapport au visuel puisque je fais des aquarelles, et un peu de
photos à côté. J’attends la sortie d’un prochain livre. En fait,
c’est un peu deux créations qui se suivent, puisqu’en
décembre dernier, on a sorti un album qui s’appelle Les
battements d’ailes, en autoproduction, soit 16 titres, en
collaboration avec mon compagnon de musique Christophe
Jouanno, lequel a travaillé sur l’album de Fred Signac,
Jusqu’ici, qui vient de sortir. Parallèlement, j’ai donc fini
d’écrire un recueil de quinze nouvelles, qui s’intitule Les
Prénoms, et qui va sortir fin mai aux Éditions Unicité. Sont
disponibles chez ce même éditeur, deux recueils de poèmes
et deux romans. J’ai souvent des productions parallèles
puisque quand je n’écris pas, je peins, et lorsque j’écris, je
pratique aussi souvent la photographie, un art un peu plus
léger. Mais chanter et écrire me demandant beaucoup
d’énergie, c’est un hasard que le disque et le livre sortent
quasiment au même moment.
Interviewer : Dans les grandes lignes, quel est votre parcours artistique depuis vos débuts ?
Jeanne Morisseau : J’ai commencé à écrire des chansons, je devais avoir 12 ans, et j’ai continué jusqu’à ce
jour. Très tôt, j’ai commencé à écrire des journaux intimes. J’ai gardé ces chansons secrètes pour les révéler
seulement à 27 ans, c’était en 1992.
Interviewer : C’était hier...
Jeanne Morisseau :
Carrément hier, et puis après un parcours rock, j’ai eu un parcours plus d’auteure-compositrice, dans un genre chanson folk, parfois rock.
Et le temps a passé. Chansons, poèmes, romans. Et puis, l’aquarelle est revenue en 2019, et ne m’a plus lâchée...
Pour en revenir à l’album, le point de départ, ça a été finalement, et paradoxalement, chez moi le désir de ne plus chanter. J’ai demandé à mon guitariste,
Christophe Jouanno - on se connaît depuis 1993, et avons commencé à travailler ensemble en 1996 - de
composer pour moi des musiques sur lesquelles j’allais pouvoir poser des poèmes dans un style spoken word.
Il a donc créé sept mélodies, sur lesquelles j’ai mis des textes. Elles sont alors devenues des chansons, et
puis, le jour de son mariage, il m’a dit : « Écoute, j’ai de plus en plus confiance en moi par rapport à
l’enregistrement, le mixage et tout ça, ça serait pas mal d’enregistrer ces titres. On pourrait les compléter avec
des chansons à toi. » C’est donc comme ça que l’album a commencé. J’ai choisi des chansons dans mon
vaste répertoire, des choses que j’aimais particulièrement, et c’est comme ça que sont nés ces Battements
d’ailes. On a fait une campagne Ulule réussie. La sortie était comme ça plus officielle. J’ai vendu des disques
bien sûr, mais aussi des aquarelles, ce qui était chouette. L’album est donc disponible sur toutes les
plateformes numériques, mais aussi en format objet, un bel objet, c’est ce que disent les gens qui l’ont eu
entre leurs mains.
Interviewer : Justement pour revenir à votre casquette peinture, pourriez-vous développer davantage
par rapport à ça ?
Jeanne Morisseau : J’aime les vastes espaces, j’ai donc souvent peint la mer, les lacs, la montagne, des
choses qui donnent envie de se perdre un peu dans une immensité, avec une association de couleurs que je
trouvais judicieuses, et qui me plaisaient. ll y a eu récemment une petite exposition à Alfortville où j’ai exposé
aux côtés de ma sœur Catherine, de mon beau-frère Xavier Boggio, qui lui est plasticien, et de ma
photographe en titre, Anne-Cécile Causse.
Interviewer : Et donc pour changer de casquette, comment vous en êtes venu à l’écriture ?
Jeanne Morisseau : L’écriture est d’abord venue par le biais
de la chanson, qui allait vers la poésie, une poésie plutôt
classique finalement. C’est ce qu’on peut voir, et ce qui
frappe dans Les battements d’ailes notamment, puisqu’on y
trouve même un sonnet, ainsi que des alexandrins. C’est très
beau et un peu intemporel. Et puis, en 2001, j’ai écrit un
roman, un peu dingue, qui s’intitule À l’Est, qui doit faire
377 pages, et que François Mocaër, d’Unicité, a publié
immédiatement. Il dit encore que c’est peut-être son meilleur
livre à ce jour, ce qui me fait très plaisir parce qu’il a déjà
publié plus de 1000 recueils.
Interviewer : Quels sont vos projets pour les mois à venir ?
Jeanne Morisseau : Pour l’instant, je n’en sais rien. Je vais devoir communiquer autour du livre, autant que je
l’ai fait avec le disque. Et la communication, ça compte vraiment comme une activité à part entière. Mais, je
vous avoue qu’après la sortie du disque, l’écriture, la réécriture, et la relecture du recueil de nouvelles, il y a
comme une espèce de fatigue en moi. Je vais donc me reposer, dans un premier temps. Et peut-être
reprendre la peinture, pourquoi pas. C’est plus calme.
Interviewer : Quelles sont vos références, influences et sources d’inspiration ?
Jeanne Morisseau : Un peu tout, j’ai aimé beaucoup de choses dans ma vie et à des périodes différentes. Il y
a des icônes comme Patti Smith qui sont incontournables, mais je dirais surtout Joni Mitchell et Neil Young,
mais aussi, Barbara et Brel. Il y a des personnalités qui me plaisent beaucoup, des gens comme PJ Harvey, et
j’ai été aussi marquée par des groupes comme les Pixies ou Sonic Youth. J’ai donc touché un petit peu à tout,
maintenant, une artiste comme Christine and the Queens me semble vraiment très au-dessus de la mêlée.
Interviewer : Que pensez-vous de la situation culturelle actuelle en France, que ce soit niveau
musique, spectacle, divertissement ou peinture même ?
Jeanne Morisseau : Il y a de moins en moins de budgets, et c’est de pire en pire. Je n’ai, par exemple, jamais
touché un cachet de ma vie. Et, il y a deux vitesses : il y a ceux qui ont déjà tout, et puis ceux qui ne vivent
avec presque rien. Je ne me mets pas dans cette catégorie. Ce n’est pas vital pour moi que ça marche dans
un domaine ou dans un autre, c’est juste très encourageant et euphorisant quand il y a des retours. Mais il
faut avouer que ça rame derrière, et ce n’est pas joli. Il y a des gens qui sont dans des situations très
précaires, qui souffrent énormément. De toute façon, le monde va très mal. Le malaise est partout, c’est un
climat très oppressant. Et oui, s’ensuit de la colère, du désespoir. Donc, moi en tant qu’artiste, j’ai envie de
sortir la carte espoir, par le biais de la création. Pour ma part, j’ai vraiment pour but d’atteindre une espèce de
beauté, de créer des environnements assez purs pour qu’on puisse s’identifier, et rêver. Ce projet, Les
battements d’ailes, c’est un peu s’envoler sur les ailes de la création, en se basant sur des valeurs humaines
positives et les plus sereines possibles, en montrant une voie qui est celle de la spiritualité, de l’amour, par
exemple, ou de l’importance de la nature.
Interviewer : Quelle est selon vous la définition du mot « artiste » ?
Jeanne Morisseau : Un artiste, c’est celui qui, par son œuvre, transcende à la fois le temps, la matière,
l’humain. Il est unique, et, en ce sens, il n’est pas interchangeable. Disons qu’en peinture, je me sens plus
comme un artisan, peut-être à cause de l’aspect manuel, avec le geste de la main, le pinceau. Il y a quelque
chose qui est de l’ordre de la matière. Mais la matière existe aussi en écriture : on peaufine, on sculpte les
mots, par le style, la construction, et le choix des mots précisément, afin d’arriver à une sorte de perfection. Je
peux donc parler d’artisanat dans l’art d’écrire, mais c’est moins immédiat qu’avec la peinture.
Interviewer : D’après votre parcours et votre expérience, auriez-vous un ou plusieurs conseils à
donner à un jeune qui souhaiterait se lancer que ce soit dans la musique, dans la peinture ou dans la
littérature ?
Jeanne Morisseau : Au commencement, il faut un lâcher-prise, que la matière sorte, une matière personnelle,
qu’il faut ensuite travailler, parce que cette matière, au début, elle est jeune, et a besoin de mûrir. Ce
mûrissement vient avec l’expérience, et la vie. J’ai été très impressionnée par les Lettres à un jeune poète de
Rainer Maria Rilke, qui donnait toutes sortes de conseils à un jeune auteur à ses débuts. Ses conseils sont
certainement meilleurs que les miens. Mais, de toute façon, oui, travailler, c’est la base de tout. C’est être
sincère aussi, et avoir envie et foi en ce qu’on vit, en ce qu’on fait. Mais l’artiste véritable, s’il existe, ne peut
pas faire autre chose que de répondre à sa vocation, qui est de devenir artiste.
Interviewer : Pour conclure auriez-vous un ou plusieurs messages à transmettre à nos lecteurs pour
leur donner envie de vous découvrir ou de vous redécouvrir après que ce soit dans n’importe quel
domaine ?
Jeanne Morisseau : Je dirais simplement, soyez curieux de l’autre, mes œuvres, mon humanité. Je suis
présente sur Facebook et Instagram. Le dernier site en date :
https://pascalejeannemorisseau.com/lesbattementsdailes
comprend dans sa rubrique Liens, des liens sur toutes mes créations précédentes.
J’ai eu un grand plaisir à communiquer avec vous, et j’espère que vous êtes aussi content de l’échange que
nous avons eu.